L’Avare

C’est sur un très joli décor de jardin à l’abandon que s’appuie la mise en scène de Frédérique Lazarini. C'est là qu'Harpagon a dissimulé sa chère cassette. Tout se passe parmi les arbres, autour d’une table, devant et derrière des palissades (où les têtes des uns et des autres peuvent surgir en embuscade)… Un tel lieu laisse libre cours à la double vie d’une maison, la vie officielle de la famille et la vie clandestine de chacun. Car dans L’Avare, l’amour de Cléante pour Marianne et d’Elise pour Valère se heurte à la sévérité d’un père doté d’une incommensurable radinerie, qui affiche un égoïsme terrible et refuse de voir ses enfants grandir et s’éprendre. Fort heureusement, la diablerie des domestiques va venir au secours de la pureté des sentiments et faire en sorte que l’amour triomphe. La metteur en scène et ses comédiens ont choisi de rendre compte de l’aspect «farcesque et passionnel» de la pièce de Molière. Emmenés par Emmanuel Dechartre, remarquable dans le rôle d’Harpagon, ils nous régalent de cette pièce enlevée, grinçante et drolatique, où la jeunesse exaltée parvient à renverser le tyran qui veut l’empêcher de jouir à son aise.